La Constitution pakistanaise de 1956 : un aperçu complet
La Constitution pakistanaise de 1956 revêt une importance considérable en tant que premier cadre juridique complet du pays après son indépendance en 1947. Après la fin de la domination britannique, le Pakistan a d’abord fonctionné sous le Government of India Act de 1935 en tant que constitution provisoire. Le pays a dû faire face à des défis importants pour créer un cadre capable de s’adapter à ses divers groupes culturels, ethniques et linguistiques tout en maintenant une structure démocratique. La Constitution de 1956 est un document historique qui a tenté de refléter les idéaux d'une république islamique moderne tout en répondant aux besoins d'une société complexe et divisée.
Cet article examine les principales caractéristiques de la Constitution pakistanaise de 1956, en soulignant sa structure, ses principes directeurs, son cadre institutionnel et sa disparition éventuelle.
Contexte historique et historique
Avant de plonger dans les détails de la Constitution de 1956, il est essentiel de comprendre le contexte historique qui a conduit à sa formulation. Après avoir obtenu son indépendance en 1947, le Pakistan a hérité d'un système parlementaire basé sur la loi sur le gouvernement de l'Inde de 1935. Cependant, la demande d'une nouvelle constitution est née de diverses factions politiques, chefs religieux et groupes ethniques du pays.
La question du type d'État que le Pakistan devrait devenir s'il devait être laïc ou islamique a dominé le débat. En outre, la division entre le Pakistan oriental (aujourd’hui le Bangladesh) et le Pakistan occidental a soulevé des questions sur la représentation, la gouvernance et le partage du pouvoir entre les deux ailes du pays. Après des années de débats et de multiples projets de constitution, la première Constitution du Pakistan a finalement été promulguée le 23 mars 1956. L’islam comme religion d’État L’une des caractéristiques les plus notables de la Constitution de 1956 a été la déclaration du Pakistan comme « République islamique ». Pour la première fois, la constitution a officiellement désigné l’islam comme religion d’État. Bien qu’il s’agisse d’une évolution importante, la constitution promettait simultanément la liberté de religion et garantissait les droits fondamentaux à tous les citoyens, quelle que soit leur religion. En positionnant l’islam comme pierre angulaire de l’identité de l’État, la constitution visait à répondre aux aspirations des groupes religieux qui avaient longtemps plaidé pour que le Pakistan incarne les principes islamiques. La résolution sur les objectifs de 1949, qui avait eu une influence majeure sur le processus de rédaction, a été incorporée dans le préambule de la constitution. Cette résolution stipulait que la souveraineté appartient à Allah et que l'autorité de gouverner serait exercée par le peuple pakistanais dans les limites prescrites par l'islam. La Constitution de 1956 a introduit une forme de gouvernement parlementaire, s'inspirant du modèle britannique de Westminster. Elle a établi un système législatif bicaméral avec une Assemblée nationale et un Sénat. L'Assemblée nationale : L'Assemblée nationale devait être l'organe législatif suprême du pays. Elle a été conçue pour assurer une représentation proportionnelle basée sur la population. Le Pakistan oriental, étant la région la plus peuplée, a reçu plus de sièges que le Pakistan occidental. Ce principe de représentation basée sur la population était une question controversée, car il a suscité des inquiétudes au Pakistan occidental quant à sa marginalisation politique. Le Sénat : Le Sénat a été créé pour assurer une représentation égale des provinces, quelle que soit leur taille de population. Chaque province s'est vu attribuer un nombre égal de sièges au Sénat. Cet équilibre visait à apaiser les craintes d'une domination de la majorité à l'Assemblée nationale.
Le système parlementaire signifiait également que l'exécutif était issu du législatif. Le Premier ministre devait être le chef du gouvernement, responsable de la gestion des affaires du pays. Le Premier ministre devait être membre de l'Assemblée nationale et bénéficiait de sa confiance. Le président était le chef d'État cérémonial, élu indirectement par les membres de l'Assemblée nationale et du Sénat.
Répartition des pouvoirs : le fédéralisme
Le Pakistan a été conçu comme un État fédéral en vertu de la Constitution de 1956, qui répartissait les pouvoirs entre le gouvernement central (fédéral) et les provinces. La constitution a fourni une démarcation claire des pouvoirs en créant trois listes :
- Liste fédérale : Cette liste contenait les sujets sur lesquels le gouvernement central avait une autorité exclusive. Ces domaines comprenaient la défense, les affaires étrangères, la monnaie et le commerce international.
- Liste provinciale : les provinces avaient compétence sur des questions telles que l'éducation, la santé, l'agriculture et la gouvernance locale.
- Liste concurrente : les gouvernements fédéral et provinciaux pouvaient légiférer sur ces sujets, y compris des domaines comme le droit pénal et le mariage. En cas de conflit, la loi fédérale prévalait
Cette structure fédérale était particulièrement importante étant donné les grandes différences géographiques, culturelles et linguistiques entre le Pakistan oriental et le Pakistan occidental. Cependant, les tensions continuaient de couver, en particulier au Pakistan oriental, qui avait souvent le sentiment que le gouvernement fédéral était trop centralisé et dominé par le Pakistan occidental.
Droits fondamentaux et libertés civiles
La Constitution de 1956 comprenait un long chapitre sur les droits fondamentaux, garantissant les libertés civiles à tous les citoyens. FrançaisCes droits comprenaient :
- La liberté d'expression, de réunion et d'association : les citoyens avaient le droit d'exprimer librement leurs opinions, de se réunir pacifiquement et de former des associations.
- La liberté de religion : alors que l'islam était déclaré religion d'État, la constitution garantissait la liberté de professer, de pratiquer et de propager n'importe quelle religion.
- Le droit à l'égalité : la constitution garantissait que tous les citoyens étaient égaux devant la loi et avaient droit à une protection égale en vertu de celleci.
- La protection contre la discrimination : elle interdisait la discrimination fondée sur la religion, la race, la caste, le sexe ou le lieu de naissance.
La protection des droits fondamentaux était supervisée par le pouvoir judiciaire, avec des dispositions permettant aux individus de demander réparation en cas de violation de leurs droits. L’inclusion de ces droits a démontré l’engagement des rédacteurs en faveur d’une société démocratique et juste.
Le pouvoir judiciaire : indépendance et structure
La Constitution de 1956 prévoyait également un pouvoir judiciaire indépendant. La Cour suprême a été établie comme la plus haute juridiction du Pakistan, avec des pouvoirs de contrôle juridictionnel. Cela lui permettait d’évaluer la constitutionnalité des lois et des actions gouvernementales, en veillant à ce que l’exécutif et le législatif ne dépassent pas leurs limites.
La constitution prévoyait également la création de Hautes Cours dans chaque province, qui avaient compétence sur les affaires provinciales. Les juges de la Cour suprême et des Hautes Cours devaient être nommés par le Président, sur l’avis du Premier ministre et en consultation avec le juge en chef.
Le pouvoir judiciaire s’est vu accorder le pouvoir de protéger les droits fondamentaux, et le principe de séparation des pouvoirs entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire du gouvernement a été souligné. Il s’agissait d’une avancée significative vers l’établissement d’un système de freins et contrepoids, garantissant qu’aucune branche du gouvernement ne puisse fonctionner sans rendre de comptes.
Dispositions islamiques
Bien que la Constitution de 1956 soit fondée sur des principes démocratiques, elle intègre également plusieurs dispositions islamiques. FrançaisCes dispositions comprenaient :
- Conseil de l'idéologie islamique : la constitution prévoyait la création d'un Conseil de l'idéologie islamique, chargé de conseiller le gouvernement sur la manière de garantir que les lois soient conformes aux enseignements de l'islam.
- Promotion des valeurs islamiques : l'État était encouragé à promouvoir les valeurs et les enseignements de l'islam, notamment par l'éducation.
- Aucune loi contraire à l'islam : il était déclaré qu'aucune loi contraire aux enseignements et aux injonctions de l'islam ne devait être promulguée, bien que le processus de détermination de ces lois ne soit pas clairement défini.
Ces dispositions ont été incluses pour trouver un équilibre entre les traditions juridiques laïques héritées des Britanniques et les demandes croissantes d'islamisation de la part de divers groupes politiques et religieux.
Controverse linguistique
La langue était un autre sujet de controverse dans la Constitution de 1956. La Constitution a déclaré l'ourdou et le bengali langues officielles du Pakistan, reflétant les réalités linguistiques du pays. Il s'agissait d'une concession majeure au Pakistan oriental, où le bengali était la langue dominante. Cependant, elle a également mis en évidence les divisions culturelles et politiques entre le Pakistan oriental et le Pakistan occidental, l'ourdou étant plus largement parlé dans l'aile occidentale. La procédure d'amendement La Constitution de 1956 prévoyait un mécanisme d'amendement, exigeant une majorité des deux tiers dans les deux chambres du Parlement pour toute modification de la Constitution. Ce processus relativement rigoureux était conçu pour assurer la stabilité et empêcher des modifications fréquentes du cadre constitutionnel. La disparition de la Constitution de 1956 Malgré sa nature exhaustive, la Constitution de 1956 a eu une courte durée de vie. L'instabilité politique, les tensions régionales et les luttes de pouvoir entre les dirigeants civils et militaires ont empêché la Constitution de fonctionner efficacement. En 1958, le Pakistan était plongé dans le chaos politique et, le 7 octobre 1958, le général Ayub Khan organisa un coup d'État militaire, abrogeant la Constitution de 1956 et dissolvant le Parlement. La loi martiale fut déclarée et l'armée prit le contrôle du pays. L'échec de la Constitution de 1956 peut être attribué à de multiples facteurs, notamment les profondes disparités régionales entre le Pakistan oriental et occidental, l'absence d'institutions politiques fortes et l'ingérence persistante de l'armée Conclusion La Constitution de 1956 du Pakistan était une tentative audacieuse de créer un État moderne et démocratique ancré dans les principes islamiques. Elle a introduit un système parlementaire fédéral, consacré les droits fondamentaux et cherché à équilibrer les besoins des divers groupes au sein du pays. Cependant, elle a finalement échoué en raison de l'instabilité politique, des divisions régionales et de la faiblesse des institutions politiques du Pakistan. Malgré ses lacunes, la Constitution de 1956 reste un chapitre important de l'histoire constitutionnelle du Pakistan, reflétant les premières luttes du pays pour définir son identité et sa structure de gouvernance. Une exploration plus approfondie de la Constitution de 1956 du Pakistan : leçons, défis et impact à long terme La Constitution de 1956 du Pakistan, malgré sa courte existence, reste un document fondamental dans l'histoire juridique et politique du pays. Bien qu’il s’agisse de la première constitution nationale du pays et d’une tentative importante d’établir un cadre démocratique, elle a dû faire face à de nombreux défis politiques, institutionnels et culturels qui ont finalement conduit à son abrogation. Malgré son échec, la constitution a offert des leçons essentielles pour le développement constitutionnel et la gouvernance futurs du Pakistan. Cette suite vise à explorer ces leçons, à analyser les difficultés institutionnelles et structurelles et à évaluer l’impact à long terme de la Constitution de 1956 sur l’évolution politique du Pakistan.
Défis et limites institutionnels
Faiblesse des institutions politiquesL’une des principales raisons de l’échec de la Constitution de 1956 était la faiblesse des institutions politiques du Pakistan. Dans les années qui ont suivi l’indépendance, le Pakistan n’avait pas de partis politiques bien établis avec des idéologies claires et une présence nationale. La Ligue musulmane, le parti qui avait été le fer de lance du mouvement pour la création du Pakistan, a commencé à se désintégrer peu après la formation du pays. Le régionalisme, le factionnalisme et les loyautés personnelles ont pris le pas sur l’unité idéologique. Les dirigeants du parti étaient souvent perçus comme déconnectés de la base, en particulier au Pakistan oriental, où le sentiment d’aliénation politique s’est renforcé. L’absence d’institutions et de partis politiques forts a contribué aux changements fréquents de gouvernement et à l’instabilité politique. Entre 1947 et 1956, le Pakistan a connu de nombreux changements de direction, avec des Premiers ministres nommés et démis de leurs fonctions à un rythme rapide. Ce renouvellement constant a érodé la légitimité du système politique et a rendu difficile pour tout gouvernement de mettre en œuvre des réformes significatives ou de construire des institutions stables. L’instabilité politique a également créé un espace pour une intervention accrue de l’armée et de la bureaucratie, qui ont toutes deux gagné en influence au cours des premières années de l’État. L’incapacité des gouvernements civils à assurer une gouvernance stable ou à résoudre les problèmes nationaux urgents a donné lieu à une perception selon laquelle la classe politique était incompétente et corrompue. Cette perception a servi de justification au coup d’État militaire de 1958, qui a conduit à l’abrogation de la Constitution de 1956. Dominance bureaucratique
Un autre défi institutionnel important était le rôle dominant de la bureaucratie. À l’époque de la création du Pakistan, la bureaucratie était l’une des rares institutions bien organisées héritées de l’administration coloniale britannique. Cependant, l’élite bureaucratique se considérait souvent comme plus compétente que la classe politique et cherchait à affirmer son influence sur l’élaboration des politiques et la gouvernance. Cela était particulièrement vrai au Pakistan occidental, où les hauts fonctionnaires exerçaient un pouvoir considérable et contournaient ou sapaient souvent l’autorité des représentants élus.
En l’absence d’un leadership politique fort, l’élite bureaucratique est apparue comme un intermédiaire clé du pouvoir. Les hauts fonctionnaires ont joué un rôle crucial dans l’élaboration de la structure de gouvernance initiale du Pakistan, et nombre d’entre eux ont participé à la rédaction de la Constitution de 1956. Si leur expertise était précieuse, leur domination a également étouffé le développement des institutions démocratiques. L’état d’esprit bureaucratique, hérité de la domination coloniale, était souvent paternaliste et réfractaire à l’idée de souveraineté populaire. En conséquence, la bureaucratie est devenue une force conservatrice, réfractaire au changement politique et à la réforme démocratique. Le rôle croissant de l’armée L’acteur institutionnel le plus important qui a contribué à l’échec de la Constitution de 1956 a été l’armée. Dès les premières années de l’existence du Pakistan, l’armée s’est considérée comme la gardienne de l’intégrité et de la stabilité nationales. Les dirigeants militaires, en particulier au Pakistan occidental, étaient de plus en plus frustrés par l’instabilité politique et l’incompétence perçue des dirigeants civils. Le général Ayub Khan, commandant en chef de l’armée, a été une figure centrale de ce processus. Sa relation avec le gouvernement civilLa situation politique du Pakistan était souvent tendue et il s’est progressivement imposé comme un acteur politique clé. Ayub Khan se méfiait de la démocratie parlementaire, qu’il jugeait inadaptée au contexte sociopolitique du Pakistan. Selon lui, le factionnalisme constant et l’absence de leadership politique fort rendaient le système de gouvernance vulnérable à l’effondrement. La Constitution de 1956 n’a pas fait grandchose pour freiner l’influence croissante de l’armée. Bien qu’elle ait établi le principe de la suprématie civile, l’instabilité politique et les changements fréquents de gouvernement ont permis à l’armée d’étendre son influence sur des aspects clés de la gouvernance, notamment la défense, la politique étrangère et la sécurité intérieure. Le rôle politique croissant de l’armée a culminé avec l’imposition de la loi martiale en 1958, marquant la première d’une série d’interventions militaires dans l’histoire politique du Pakistan.
Le dilemme fédéral : Pakistan oriental contre Pakistan occidental
L’union inégaleLa Constitution de 1956 cherchait à résoudre le problème de longue date de l’équilibre des pouvoirs entre le Pakistan oriental et le Pakistan occidental, mais elle n’a finalement pas réussi à résoudre les tensions profondément ancrées entre les deux ailes. Au cœur du problème se trouvait la vaste disparité démographique entre le Pakistan oriental et le Pakistan occidental. Le Pakistan oriental abritait plus de la moitié de la population pakistanaise, mais il était économiquement sousdéveloppé par rapport au Pakistan occidental plus industrialisé. Cela a créé un sentiment de marginalisation politique et économique dans l’aile orientale, en particulier parmi la majorité bengaliophone. La constitution a tenté de répondre à ces préoccupations en créant un parlement bicaméral, avec une représentation proportionnelle à l’Assemblée nationale et une représentation égale au Sénat. Si cet arrangement a permis au Pakistan oriental d’obtenir davantage de sièges à la Chambre basse en raison de sa population plus nombreuse, la représentation égale au Sénat a été perçue comme une concession au Pakistan occidental, où l’élite dirigeante craignait d’être marginalisée politiquement par la majorité du Pakistan oriental. Cependant, la simple présence d’une représentation égale au Sénat n’a pas suffi à satisfaire les demandes des Pakistanais de l’Est pour une plus grande autonomie politique. Beaucoup au Pakistan oriental ont estimé que le gouvernement fédéral était trop centralisé et dominé par les élites du Pakistan occidental, en particulier celles de la province du Pendjab. Le contrôle du gouvernement central sur des domaines clés tels que la défense, la politique étrangère et la planification économique a encore exacerbé le sentiment d’aliénation au Pakistan oriental. Langue et identité culturelle La question de la langue a été une autre source majeure de tension entre les deux ailes du Pakistan. Au Pakistan oriental, le bengali était la langue maternelle de la majorité, tandis qu’au Pakistan occidental, l’ourdou était la langue dominante. La décision de déclarer l'ourdou comme seule langue nationale peu après l'indépendance a déclenché des manifestations au Pakistan oriental, où la population a perçu cette décision comme une tentative d'imposer la domination culturelle du Pakistan occidental. La Constitution de 1956 a tenté de résoudre le problème linguistique en reconnaissant l'ourdou et le bengali comme langues nationales. Cependant, les tensions sousjacentes entre les deux régions allaient bien audelà de la question linguistique. La constitution n'a pas réussi à répondre aux griefs culturels et politiques plus larges des Pakistanais de l'Est, qui estimaient que leur région était traitée comme une colonie du Pakistan occidental. La centralisation du pouvoir entre les mains de l'élite du Pakistan occidental, combinée à la négligence économique du Pakistan oriental, a créé un sentiment de dépossession qui contribuera plus tard à la demande de sécession. Les disparités économiques Les disparités économiques entre les deux régions ont encore alimenté les tensions. Le Pakistan oriental était en grande partie agraire, tandis que le Pakistan occidental, en particulier le Pendjab et Karachi, était plus industrialisé et économiquement développé. Malgré sa population plus nombreuse, le Pakistan oriental a reçu une part plus faible des ressources économiques et des fonds de développement. Les politiques économiques du gouvernement central ont souvent été perçues comme favorisant le Pakistan occidental, ce qui a donné l’impression que le Pakistan oriental était systématiquement exploité. La Constitution de 1956 n’a pas fait grandchose pour remédier à ces disparités économiques. Bien qu’elle ait établi une structure fédérale, elle a donné au gouvernement central un contrôle important sur la planification économique et la répartition des ressources. Les dirigeants du Pakistan oriental ont appelé à plusieurs reprises à une plus grande autonomie économique, mais leurs demandes ont été largement ignorées par le gouvernement central. Cette marginalisation économique a contribué au sentiment croissant de frustration au Pakistan oriental et a jeté les bases de la demande finale d’indépendance. Dispositions islamiques et aspirations laïques Équilibrer la laïcité et l’islamisme L’un des défis les plus difficiles lors de la rédaction de la Constitution de 1956 a été la question du rôle de l’islam dans l’État. La fondation du Pakistan était basée sur l’idée de fournir une patrie aux musulmans, mais il y a eu un débat important sur la question de savoir si le pays devait être une nation unie.Etat laïc ou Etat islamique. Les dirigeants politiques du pays étaient divisés entre ceux qui prônaient un Etat laïc et démocratique et ceux qui voulaient que le Pakistan soit gouverné selon la loi islamique. La résolution sur les objectifs de 1949, qui a été incorporée dans le préambule de la Constitution de 1956, déclarait que la souveraineté appartenait à Allah et que l’autorité de gouverner serait exercée par le peuple pakistanais dans les limites prescrites par l’islam. Cette déclaration reflétait le désir d’équilibrer les principes laïcs de la démocratie avec l’identité religieuse de l’État. La Constitution de 1956 déclarait le Pakistan République islamique, la première fois qu’une telle désignation était faite dans l’histoire du pays. Elle comprenait également plusieurs dispositions islamiques, comme la création d’un Conseil de l’idéologie islamique pour conseiller le gouvernement sur la manière de garantir que les lois soient conformes aux principes islamiques. Cependant, la constitution n’imposait pas la charia ni ne faisait de la loi islamique la base du système juridique. Au lieu de cela, elle a cherché à créer un État démocratique moderne, fondé sur les valeurs islamiques, mais non régi par la loi religieuse. Pluralisme religieux et droits des minorités
Si la Constitution de 1956 a déclaré l’islam religion d’État, elle a également garanti les droits fondamentaux, notamment la liberté de religion. Les minorités religieuses, notamment les hindous, les chrétiens et d’autres, ont eu le droit de pratiquer librement leur foi. La Constitution interdisait la discrimination fondée sur la religion et garantissait l’égalité de tous les citoyens devant la loi, quelle que soit leur appartenance religieuse.
Cet équilibre entre identité islamique et pluralisme religieux reflétait la complexité du tissu social pakistanais. Le pays abritait non seulement une majorité musulmane, mais aussi d’importantes minorités religieuses. Les rédacteurs de la Constitution étaient parfaitement conscients de la nécessité de protéger les droits des minorités tout en préservant le caractère islamique de l’État. Cependant, l’inclusion de dispositions islamiques et la déclaration du Pakistan en tant que République islamique ont également suscité des inquiétudes parmi les minorités religieuses, qui craignaient que ces dispositions puissent conduire à une discrimination ou à l’imposition de la loi islamique. Alors que la Constitution de 1956 cherchait à fournir un cadre pour la coexistence entre différentes communautés religieuses, la tension entre l’identité islamique de l’État et la protection des droits des minorités allait continuer à être un problème controversé dans le développement constitutionnel du Pakistan.
Droits fondamentaux et justice sociale
Droits sociaux et économiquesLa Constitution de 1956 comprenait un chapitre détaillé sur les droits fondamentaux, qui garantissait des libertés civiles telles que la liberté d’expression, la liberté de réunion et la liberté de religion. Elle prévoyait également des droits sociaux et économiques, notamment le droit au travail, le droit à l’éducation et le droit de posséder des biens. Ces dispositions reflétaient l’engagement du Pakistan à créer une société juste et équitable. La constitution visait à relever les défis sociaux et économiques auxquels le pays était confronté, notamment la pauvreté, l’analphabétisme et le chômage. Cependant, la mise en œuvre de ces droits a été entravée par l’instabilité politique et les difficultés économiques qui ont ravagé le Pakistan dans les années 1950. Dans la pratique, la protection des droits fondamentaux a souvent été mise à mal par l’incapacité du gouvernement à faire respecter l’État de droit. La répression politique, la censure et la répression de la dissidence étaient courantes, en particulier en temps de crise politique. Le pouvoir judiciaire, bien qu’indépendant formellement, était souvent incapable d’affirmer son autorité et de protéger les droits des citoyens face au pouvoir exécutif et militaire. Réformes agraires et justice économique La réforme agraire est l’un des principaux problèmes sociaux que la Constitution de 1956 cherchait à résoudre. Le Pakistan, comme une grande partie de l’Asie du Sud, se caractérisait par une répartition très inégale des terres, avec de vastes domaines appartenant à une petite élite et des millions de paysans sans terre. La concentration des terres entre les mains de quelques propriétaires terriens était considérée comme un obstacle majeur au développement économique et à la justice sociale. La constitution prévoyait des réformes agraires visant à redistribuer les terres à la paysannerie et à démanteler les grands domaines. Cependant, la mise en œuvre de ces réformes fut lente et se heurta à une résistance importante de la part de l’élite foncière, dont beaucoup occupaient des postes importants au sein du gouvernement et de la bureaucratie. L’échec de la mise en œuvre de réformes agraires significatives contribua à la persistance de la pauvreté rurale et des inégalités, en particulier au Pakistan occidental. La chute de la Constitution de 1956 : causes immédiates Instabilité politique et factionnalisme À la fin des années 1950, le Pakistan connaissait une grave instabilité politique. Les changements fréquents de gouvernement, le factionnalisme au sein des partis politiques et l’absence d’une direction politique stableLe pays a connu un certain chaos. La Ligue musulmane au pouvoir s’est divisée en plusieurs factions et de nouveaux partis politiques, comme la Ligue Awami au Pakistan oriental et le Parti républicain au Pakistan occidental, ont émergé. L’incapacité de la classe politique à gouverner efficacement a érodé la confiance du public dans le processus démocratique. La corruption, l’inefficacité et les rivalités personnelles entre les hommes politiques ont encore affaibli la légitimité du gouvernement. La Constitution de 1956, qui avait été conçue pour fournir un cadre stable à la gouvernance, n’a pas pu fonctionner efficacement dans cet environnement de désarroi politique. Crise économique Le Pakistan a également été confronté à une grave crise économique à la fin des années 1950. L’économie du pays avait du mal à faire face aux défis du développement et la pauvreté et le chômage étaient généralisés. Les disparités économiques entre le Pakistan oriental et le Pakistan occidental ont exacerbé les tensions politiques entre les deux régions, et l’incapacité du gouvernement central à remédier à ces disparités a alimenté le mécontentement. Les difficultés économiques ont également miné la capacité du gouvernement à tenir ses promesses de justice sociale et économique. Les réformes agraires, le développement industriel et les programmes de réduction de la pauvreté ont été soit mal mis en œuvre, soit inefficaces. L’incapacité du gouvernement à relever les défis économiques auxquels le pays était confronté a encore affaibli sa légitimité. Le coup d’État militaire de 1958 En octobre 1958, le général Ayub Khan, commandant en chef de l’armée, a organisé un coup d’État militaire, abrogeant la Constitution de 1956 et imposant la loi martiale. Le coup d’État a marqué la fin de la première expérience de démocratie parlementaire au Pakistan et le début d’une longue période de régime militaire. Ayub Khan a justifié le coup d’État en affirmant que le système politique du pays était devenu dysfonctionnel et que l’armée était la seule institution capable de rétablir l’ordre et la stabilité. Il a accusé les dirigeants politiques d’incompétence, de corruption et de factionnalisme, et il a promis de réformer le système politique pour le rendre plus efficace et plus réactif aux besoins de la population. Le coup d’État militaire a été largement accueilli à l’époque, car de nombreux Pakistanais étaient désillusionnés par la classe politique et voyaient l’armée comme une force stabilisatrice. Cependant, l’imposition de la loi martiale a également marqué un tournant dans l’histoire politique du Pakistan, car elle a créé un précédent pour les interventions militaires futures et a compromis le développement des institutions démocratiques.
Impact à long terme de la Constitution de 1956
Bien que la Constitution de 1956 ait été de courte durée, son héritage continue d’influencer le développement politique et constitutionnel du Pakistan. Bon nombre des questions qu’elle cherchait à résoudre, telles que l’équilibre entre l’islam et la laïcité, la relation entre le Pakistan oriental et le Pakistan occidental et le rôle de l’armée dans la politique, restent au cœur du discours politique pakistanais. Influence sur la Constitution de 1973
La Constitution de 1956 a jeté les bases de la Constitution de 1973, qui reste en vigueur aujourd’hui. Bon nombre des principes et des structures établis par la Constitution de 1956, tels que le fédéralisme, la démocratie parlementaire et la protection des droits fondamentaux, ont été repris dans la Constitution de 1973. Toutefois, les leçons tirées de l’échec de la Constitution de 1956, notamment la nécessité d’un pouvoir exécutif plus fort et d’une plus grande stabilité politique, ont également influencé la rédaction de la Constitution de 1973. Leçons pour le fédéralisme et l’autonomie
L’échec de la Constitution de 1956 à résoudre les tensions entre le Pakistan oriental et le Pakistan occidental a mis en évidence les défis du fédéralisme et de l’autonomie régionale dans un pays géographiquement et culturellement diversifié. L’expérience de la Constitution de 1956 a éclairé les débats ultérieurs sur le fédéralisme, en particulier au lendemain de la sécession du Pakistan oriental et de la création du Bangladesh en 1971.
La Constitution de 1973 a introduit une structure fédérale plus décentralisée, avec des pouvoirs plus importants dévolus aux provinces. Cependant, les tensions entre le gouvernement central et les provinces, notamment dans des régions comme le Baloutchistan et le Khyber Pakhtunkhwa, continuent d’être un problème majeur dans le système politique pakistanais. La Constitution de 1956 proclamant le Pakistan comme République islamique et y intégrant des dispositions islamiques a ouvert la voie à de futurs débats sur le rôle de l’islam dans l’État. Si la Constitution de 1973 a conservé le caractère islamique de l’État, elle a également dû faire face à des défis permanents pour équilibrer l’identité islamique avec les principes démocratiques et la protection des droits des minorités. La question de savoir comment concilier l’identité islamique du Pakistan avec son engagement en faveur de la démocratie, des droits de l’homme et du pluralisme reste une question centrale dans le développement politique et constitutionnel du pays. ConclusionLa Constitution de 1956 était une tentative importante mais finalement vouée à l’échec pour créer un État démocratique, fédéral et islamique. Elle cherchait à résoudre les défis politiques, culturels et économiques complexes auxquels le pays nouvellement indépendant était confronté, mais elle n’a pas été en mesure d’assurer la stabilité et la gouvernance dont le Pakistan avait besoin. Les tensions entre le Pakistan oriental et le Pakistan occidental, la faiblesse des institutions politiques et l’influence croissante de l’armée ont toutes contribué à l’échec de la constitution. Malgré sa courte durée de vie, la Constitution de 1956 a eu un impact durable sur le développement politique du Pakistan. Elle a établi des précédents importants pour les cadres constitutionnels ultérieurs, en particulier la Constitution de 1973, et elle a mis en évidence les principaux défis auxquels le Pakistan allait continuer à faire face dans ses efforts pour construire un État stable et démocratique.